Tout est dans le titre. Dans Trajectoire de femme, Erin Williams nous plonge dans son quotidien, ses réflexions intimes et féministes. En l’espace d’une journée, d’un trajet maison-travail, travail-maison, elle analyse l’attention portée sur elle, mais aussi ce qu’elle perçoit. Elle nous parle de ce qu’implique être une femme et prendre le train tous les jours : les regards pesants, la promiscuité physique indésirées, les paroles agressives, l’exposition ; mais aussi le bombardement des pubs misogynes qui utilisent les corps (ou des parties de corps) des femmes pour vendre tout et n’importe quoi.
Erin Williams nous livre ici un témoignage intime de sa vie de femme cisgenre hétérosexuelle, victime de viol et du patriarcat, ancienne alcoolique et jeune mère. Tout est dit avec franchise et sans détour.
Ce roman graphique et autobiographique m’a touchée, parce qu’Erin Williams raconte son histoire, qui bien qu’elle soit très personnelle, pourrait être celle de beaucoup d’autres femmes.
Elle parle de la pression qui pèse sur épaules concernant son apparence. Je pense notamment à son rituel matinal qui consiste à appliquer des produits de beauté dans un ordre très spécifique pour paraître à la fois belle et jeune. Elle fait également des allusions à son poids.
Elle dénonce ce diktat de la société, qui nous demande de nous surveiller constamment : une ride, un kilo en trop, des cernes et on n’est plus considérée comme désirable !
La plus grosse partie du roman graphique repose sur ses relations avec l’alcool et les hommes.
Erin Williams revient sur les années où elle buvait et couchait pour s’oublier, et les analyse sous le prisme de la misogynie et de la culture du viol internée. Elle a été violée plus jeune mais n’en a réellement pris conscience que bien plus tard. Toute comme les relations sexuelles et amoureuses abusives qu’elle a pu avoir, qu’elle a qualifié de telles après en avoir pris conscience.
J’ai beaucoup aimé le format avec ses pages aérées ; le côté monochrome avec de temps en temps un peu de couleur vive qui s’ajoute pour accentuer un aspect du journal ; les variations de mise en page, avec des planches organisées ou sans dessus-dessous, des listes, des faits scientifiques, etc.
Mention spéciale à la page qu’elle consacre aux autrices qu’elle lit dans les transports, qui m’a donné quelques idées de lectures pour plus tard. Elle aussi, comme Alice Coffin, dit ne lire plus que des femmes.
Je ne lis pas de livre écrit par des hommes. Je me sens suffisamment imprégnée de l’expérience masculine humaine au travers de mon éducation.
Trajectoire de femme est un roman graphique qui a eu une grande résonnance en moi. L’autrice nous fait part de son parcours et de ses réflexions sur le fait d’être une femme aujourd’hui, et ce à quoi elle a été confrontée. J’ai apprécié le fait que rien ne soit fixe : on ne tombe ni dans le pathos, ni dans le manichéen. La vie entière est une zone grise dans laquelle on essaie de naviguer tant bien que mal, comme le fait Erin Williams.
Dans la dernière partie de son livre, elle parle de l’importance de partager ses expériences et ses souffrances. Ca lui a permis de prendre conscience de ce qu’elle a vécu elle-même. La lire m’a fait du bien, parce qu’elle finit sur une note de colère et d’optimisme : en parlant, en dénonçant, on fait progressivement bouger les choses.
Merci aux éditions Massot pour l’envoi de ce roman graphique.
Je ne connaissais pas du tout, je note car ce type de sujet me parle et je me met doucement aux graphiques…
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Un résumé qui nous parle à toutes, finalement
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