La fourmi rouge – Emilie Chazerand

« Mon père dit souvent que juste avant de venir au monde, chacun d’entre nous tourne une gigantesque et invisible roue de la Fortune.
S’il a raison, j’ai fait banqueroute.. »

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Titre
: La fourmi rouge
Auteur : Emilie Chazerand
Editeur : Sarbacane
Date de publication : 2017

Note : 5/5

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L’aube sera grandiose – Anne-Laure Bondoux

« Toutes les mères de l’univers ont sans doute une vie secrète, des activités à elles, des amis ou des collègues dont elles ne parlent jamais, des rêves enfouis, des soucis qu’elles dissimulent. Des amants, parfois.. »

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Titre
: L’aube sera grandiose
Auteur : Anne-Laure Bondoux
Editeur : Gallimard Jeunesse
Date de publication : 2017

Note : 5/5

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Un funambule sur le sable – Gilles Marchand

« Et je comprends aujourd’hui que les vrais héros ne sont pas ceux qui ont des super pouvoirs, mais ceux qui en sont dénués et qui continuent à avancer. »

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Titre
: Un funambule sur le sable
Auteur : Gilles Marchand
Editeur : Aux forges de Vulcain
Date de publication : 2017

Note : 4/5

1
Stradi naît avec un violon dans le crâne. Cette anomalie rare fait la joie des médecins, et la souffrance de ses parents. D’abord condamné à rester à la maison, il peut finalement aller à l’école et découvrir que les plus grandes peines de son handicap sont l’effet de la maladresse ou de l’ignorance des adultes et des enfants. Mais, à ces souffrances, il va opposer chaque jour son optimisme invincible, hérité de son père inventeur et de sa mère professeur. Et son violon, peu à peu, va se révéler être un atout qui, s’il l’empêche de se concentrer sur ses devoirs, lui permet toutes sortes d’autres choses : rêver, espérer… voire parler aux oiseaux. Un jour, il rencontre l’amour en Lélie, une jeune femme déterminée qui s’éprend de lui. Ils vont s’aimer, se quitter, se retrouver, et faire couple. Jusqu’au moment où cette fantaisie permanente de Stradi va se heurter aux nécessités de la vie adulte : avoir un travail, se tenir bien, attendre la mort dans l’ennui le plus total. Comment grandir sans se nier ? Comment s’adapter sans renoncer à soi ? Stradi devra découvrir qui il est, s’il est défini par son handicap, ou s’il peut lui échapper. Est-ce lui qui est inadapté, ou le monde qui est inadapté ?

2

C’est en rencontrant l’auteur au salon du livre de Besançon que j’ai découvert ce roman, Un funambule sur le sable. le résumé promettait un récit original, et je n’ai pas été déçue !

Stradi, le narrateur, n’est pas une personne comme les autres : il est né avec un violon dans la tête. L’instrument se présente à la fois comme un prolongement du personnage, trahissant ses émotions en jouant de ses cordes ; et comme s’il était doté d’une conscience propre, manifestant parfois son mécontentement ou sa joie de lui-même.

Dans la première partie du roman, Stradi nous raconte avec beaucoup de délicatesse son enfance et les conséquences de sa différence dans sa relation avec les autres et la construction même de sa personnalité. Dans la seconde partie, on le découvre un peu plus mûr et conscient de sa situation. Il vit avec son violon dans la tête comme avec un colocataire sympathique, mais envahissant. Cela ne l’empêche pas de se construire une vie ou de rencontrer l’amour. Les autres personnages sont tout aussi attachants que Stradi, que ce soit Max ou Lélie.

En dehors de l’histoire, que j’ai beaucoup aimée, c’est le style de l’auteur qui m’a conquise. J’ai adoré voir survenir au détour d’une phrase un détail farfelu, comme on en trouve dans les romans surréalistes. Cela donne tout de suite une dimension plus poétique au récit et aux personnages. J’ai particulièrement apprécié Jean-Louis, le demi-chien !

En bref, c’est un roman très doux que nous propose Gilles Marchand.

The Handmaid’s Tale – Margaret Atwood

« It isn’t running away they’re afraid of. We wouldn’t get far. It’s those other escapes, the ones you can open in yourself, given a cutting edge. »

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Titre
: The Handmaid’s Tale
Auteur : Margaret Atwood
Editeur : Vintage Classics
Date de publication : 2016

Note : 5/5

Ce roman est également disponible en français sous le titre La servante écarlate, publié chez Robert Laffont.

1
Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l’Ordre a été restauré. L’Etat, avec le soutien de sa milice d’Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d’un Evangile revisité. Dans cette société régie par l’oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L’une d’elle raconte son quotidien de douleur, d’angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d’une vie révolue, d’un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom.

2

 coup-de-coeur
Alerte coup de coeur international ! J’étais curieuse de découvrir ce roman, dont on parle beaucoup depuis la sortie de la série éponyme. J’ai entendu beaucoup d’avis positifs, et ayant déjà lu plusieurs livres de Margaret Atwood, je me doutais que ce serait à la hauteur de mes attentes.

Le récit est à la première personne, on suit donc l’histoire et les pensées de Offred, Servante chez un Commandant. Au début du roman, le ton est distant, comme si la narratrice prenait du recul par rapport à ce qui lui arrive, comme si elle était résignée et qu’il n’y avait plus d’espoir possible. Des bribes de son passé resurgissent de temps en temps, mais rien ne nous est clairement expliqué. Il faut attendre presque la moitié du livre pour que la narratrice se présente, et encore quelques chapitres avant que la situation ne nous soit exposée.
Puis au fur et à mesure que les pages se tournent, Offred se livre de plus en plus, et évolue. A partir de sa rencontre avec Ofglen, une petite étincelle de rébellion s’allume, et ne cessera de grandir. Attention, on n’est pas dans un roman où l’héroïne sauve tout le monde, ce sentiment de rébellion reste très profondément enfoui dans le coeur d’Offred. Elle reste quelqu’un d’égoïste, attachée à sa propre survie. Dans la dernière partie du roman, elle cède peu à peu à la panique et on le sent très bien à ses propos de moins en moins cohérent.

L’atmosphère est pesante, et tout comme Offred, j’avais le sentiment d’être oppressée. Les Servantes n’ont pas le droit de regarder les hommes dans les yeux, pas le droit de lire, de tricoter…. Elles ne sont, comme l’a si bien dit la narratrice, que des utérus sur pattes. Leur rôle est d’assurer une descendance aux humains, et rien d’autre.

Margaret Atwood développe parfaitement sa thématique féministe : à une époque où les femmes militent encore pour garder le contrôle sur leur corps, où elles pensent que certaines choses étaient acquises pour de bon (leur indépendance notamment), le système politique et la conjoncture de la société leur retire tout, elles perdent tout ce pour quoi elles se sont battues.

Je n’ai pas pu m’empêcher de m’identifier à l’héroïne, qui est à la fois résignée et se questionne en même temps. Comment réagir si une chose pareille se produisait ? Parce que, bien qu’écrit dans les années 80, ce roman résonne avec une grande justesse dans notre société actuelle. Surtout au niveau de la condition des femmes, quand on voit que dans certains pays, le droit à l’avortement par exemple, est questionné, réglementé de manière absurde, voire inexistant.

La Servante écarlate m’a beaucoup touchée, remuée, horrifiée, questionnée… Je ne suis pas ressortie indemne de cette lecture. Et maintenant, je vais me plonger dans la série !

Silence Radio – Alice Oseman

« Je dis:
– Avant, je faisais des cauchemars horribles, ça s’appelle des terreurs nocturnes. tu te réveilles en ayant l’impression d’être encore dans ton cauchemar.
Aled dit:
– Tous les soirs, j’ai des douleurs dans la poitrine et je suis persuadé que je vais morrir.
Je dis:
– C’est pas censé arriver à notre âge.
Aled dit:
– De quoi, les douleurs à la poitrine ou les terreurs nocturnes? »

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Titre
: Silence Radio
Auteur : Alice Oseman
Editeur : Nathan
Date de publication : 2017

Note : 4/5

1
Je suis Frances, Frances la sérieuse, la solitaire, la discrète. Je passe mon temps à étudier. J’ai un seul objectif : entrer à Cambridge après le bac. Je suis Frances, la vraie Frances. Je suis fascinée par le mystérieux Silence Radio et sa chaîne Youtube Universe City. J’aime rire et j’aime dessiner.

Et puis je rencontre Aled. Avec lui, je peux enfin être moi. Avec lui, je vais enfin avoir le courage de trouver ce qui compte vraiment pour moi.

2

Je m’attendais à une histoire d’amour classique, mais il n’en est rien. J’adore quand les romans me surprennent comme ça !

La narration à la première personne et les chapitres courts donnent un rythme saccadé au récit, mais cela ne dérange pas dans la lecture, au contraire. Frances, la narratrice, nous apostrophe et elle m’a prise au dépourvu plus d’une fois. C’est une héroïne qui tente de se conformer à ce que la société attend d’elle, dans sa manière de s’habiller ou de se comporter. Mais petit à petit, elle se libère de ce carcan pour finalement s’épanouir aux côtés d’Aled.

Les personnages sont authentiques, avec une pointe de mystère. Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est qu’à travers eux, l’auteure explore toutes les possibilités qui existent en dehors des relations hétérosexuelles et hétéro-normées. C’est une première pour moi, et c’est une très bonne nouvelle de trouver dans la littérature jeunesse et YA aujourd’hui des romans qui sortent des sentiers battus, des codes d’écritures que l’on peut lire habituellement.

Des thématiques très actuelles telles que les réseaux sociaux, le cyberharcèlement et l’abus psychologique sont également abordés de manière juste et frappante.
Bref, un tès bon roman que je recommande sans hésiter !

Un grand merci aux éditions Nathan pour l’envoi de ce roman.

Six of Crows T2 : Crooked Kingdom – Leigh Bardugo

« I’ll tell you a secret… the really bad monsters never look like monsters. »

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Titre
: Crooked Kingdom
Auteur : Leigh Bardugo
Editeur : Milan
Date de publication : 2017

Note : 5/5

1
Après avoir réussi à s’enfuir du Palais des Glaces, Kaz et ses compagnons se sentent invulnérables. Un revirement de situation va cependant changer la donne d’une partie mortelle que devront jouer les jeunes prodiges du crime. Alors que les grandes puissances Grisha s’organisent pour leur mettre la main dessus, Kaz imagine un plan, entre vengeance et arnaque, qui leur assurera la gloire éternelle en cas de réussite, et provoquera la ruine de leur monde s’ils échouent.

2

L’ambiance est très différente du premier tome, je l’ai trouvée un peu plus sombre, au vu de ce qu’il se passe avec Inej. L’intrigue n’est plus principalement tournée vers le jurda parem, cette drogue qui décuple les pouvoirs des Grisha, mais vers van Eck, celui qui a manipulé les Six of Crows, et la vengeance qu’ils veulent prendre contre ce marchand corrompu.

Tout au long de ce second et dernier tome de la duologie, les bras de fer politiques et les complots s’enchaînent. Il faut suivre attentivement, sous peine de facilement perdre le fil. L’histoire personnelle de certains personnages nous est révélée. le premier tome nous plonge dans celle de Kaz, Inej et Nina, celui-ci nous en apprend plus sur le passé de Jesper et Wylan. Leur deux histoire m’ont beaucoup touchée, surtout celle de Wylan. On découvre que van Eck est encore pire qu’il ne le laisse voir.

Jesper m’a fait mourir de rire, il a un très grand sens de l’humour. Sa relation avec Wylan est très ambiguë, tout comme dans le premier tome. Je ne savais pas vraiment s’ils flirtaient ou si Jesper embêtait Wylan parce qu’il aime l’embarrasser. C’était comme si l’auteure elle-même ne savait pas où se situer par rapport à ces deux personnages, ni comment elle allait faire évoluer leur relation.

Wylan est le personnage qui m’a le plus surprise. Il n’est plus l’adolescent craintif du premier tome, il a désormais sa place dans le groupe. Il fait preuve d’une grande créativité en termes d’explosifs, lui valant d’être reconnu comme un combattant efficace de la part de tous. Sa situation n’est vraiment pas facile, compte tenu de ses relations avec son père.

Nina m’a brisé le coeur au début du roman. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, une des conséquences tragiques du jurda parem. Matthias est toujours là pour veiller sur elle, et leur relation évolue très joliment. Concernant ces deux personnages, Leigh a fait des choix que j’ai trouvé très audacieux, elle m’a beaucoup surprise. Je pense notamment au pouvoir de Nina, j’ai trouvé ça très bien trouvé, même si c’était parfois un peu glauque…

Kaz est toujours aussi froid et efficace dans ses actions, maintenant plusieurs longueurs d’avance sur ses ennemis, comme toujours. Mais contrairement au premier tome, je l’ai trouvé plus humain, et un peu moins renfermé sur lui-même. Surtout, son influence au sein du groupe évolue : les autres ne le suivent plus aveuglément, comme s’il était leur chef. Ils discutent, parlementent, comme si désormais ils étaient tous sur le même pied d’égalité.
Sa relation avec Inej m’a beaucoup frustrée ! J’avais cru voir une évolution positive à la fin du premier tome, mais dans le second, c’est retour à la case départ ! Ils sont tous les deux très fermés, mais font attention l’un à l’autre.

La fin de la duologie m’a laissée… sur ma faim. Beaucoup de questions restent sans réponses, un troisième tome n’aurait pas été de trop ! Néanmoins, j’ai vraiment adoré retrouver les personnages et voir leur évolution, suivre leurs pensées…
Si vous ne le saviez pas, Leigh Bardugo a écrit une trilogie avant Six of Crows, axée sur l’univers des Grisha et qui se situe avant les événements de la duologie. Je vous recommande fortement de lire cette trilogie avant de lire Six of Crows, parce que cela vous permettra de mieux comprendre l’univers, mais aussi parce que dans ce second tome de la duologie, des personnages principaux de la trilogie Grisha interviennent. Ayant lu deux fois Six of Crows, une fois sans lire la trilogie, une fois l’ayant lue avant, certains éléments ont été beaucoup plus facile à comprendre.

Vous allez me dire que cette trilogie n’a pas été traduite en français, MAIS Milan a racheté les droits de traduction et le premier tome sort le 11 octobre sous le titre Grisha !