« Et je comprends aujourd’hui que les vrais héros ne sont pas ceux qui ont des super pouvoirs, mais ceux qui en sont dénués et qui continuent à avancer. »
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Titre : Un funambule sur le sable
Auteur : Gilles Marchand
Editeur : Aux forges de Vulcain
Date de publication : 2017
Note : 4/5
Stradi naît avec un violon dans le crâne. Cette anomalie rare fait la joie des médecins, et la souffrance de ses parents. D’abord condamné à rester à la maison, il peut finalement aller à l’école et découvrir que les plus grandes peines de son handicap sont l’effet de la maladresse ou de l’ignorance des adultes et des enfants. Mais, à ces souffrances, il va opposer chaque jour son optimisme invincible, hérité de son père inventeur et de sa mère professeur. Et son violon, peu à peu, va se révéler être un atout qui, s’il l’empêche de se concentrer sur ses devoirs, lui permet toutes sortes d’autres choses : rêver, espérer… voire parler aux oiseaux. Un jour, il rencontre l’amour en Lélie, une jeune femme déterminée qui s’éprend de lui. Ils vont s’aimer, se quitter, se retrouver, et faire couple. Jusqu’au moment où cette fantaisie permanente de Stradi va se heurter aux nécessités de la vie adulte : avoir un travail, se tenir bien, attendre la mort dans l’ennui le plus total. Comment grandir sans se nier ? Comment s’adapter sans renoncer à soi ? Stradi devra découvrir qui il est, s’il est défini par son handicap, ou s’il peut lui échapper. Est-ce lui qui est inadapté, ou le monde qui est inadapté ?
C’est en rencontrant l’auteur au salon du livre de Besançon que j’ai découvert ce roman, Un funambule sur le sable. le résumé promettait un récit original, et je n’ai pas été déçue !
Stradi, le narrateur, n’est pas une personne comme les autres : il est né avec un violon dans la tête. L’instrument se présente à la fois comme un prolongement du personnage, trahissant ses émotions en jouant de ses cordes ; et comme s’il était doté d’une conscience propre, manifestant parfois son mécontentement ou sa joie de lui-même.
Dans la première partie du roman, Stradi nous raconte avec beaucoup de délicatesse son enfance et les conséquences de sa différence dans sa relation avec les autres et la construction même de sa personnalité. Dans la seconde partie, on le découvre un peu plus mûr et conscient de sa situation. Il vit avec son violon dans la tête comme avec un colocataire sympathique, mais envahissant. Cela ne l’empêche pas de se construire une vie ou de rencontrer l’amour. Les autres personnages sont tout aussi attachants que Stradi, que ce soit Max ou Lélie.
En dehors de l’histoire, que j’ai beaucoup aimée, c’est le style de l’auteur qui m’a conquise. J’ai adoré voir survenir au détour d’une phrase un détail farfelu, comme on en trouve dans les romans surréalistes. Cela donne tout de suite une dimension plus poétique au récit et aux personnages. J’ai particulièrement apprécié Jean-Louis, le demi-chien !
En bref, c’est un roman très doux que nous propose Gilles Marchand.