Tess d’Uberville, une héroïne malmenée

Après avoir lu Loin de la foule déchaînée, j’avais envie de découvrir un peu plus Thomas Hardy. Tess d’Uberville est une déception…

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Tess d’Uberville
Thomas Hardy
France Loisirs
720 pages
Note : 2.5/5

 

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Jeune paysanne innocente placée dans une famille, Tess est séduite puis abandonnée par Alec d’Urberville, un de ses jeunes maîtres. L’enfant qu’elle porte meurt à la naissance. Dans la puritaine société anglaise de la fin du XIXe siècle, c’est là une faute irrémissible, que la jeune fille aura le tort de ne pas vouloir dissimuler. Dès lors, son destin est une descente aux enfers de la honte et de la déchéance.Jeune paysanne innocente placée dans une famille, Tess est séduite puis abandonnée par Alec d’Urberville, un de ses jeunes maîtres. L’enfant qu’elle porte meurt à la naissance. Dans la puritaine société anglaise de la fin du XIXe siècle, c’est là une faute irrémissible, que la jeune fille aura le tort de ne pas vouloir dissimuler. Dès lors, son destin est une descente aux enfers de la honte et de la déchéance.

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Tess d’Uberville est le deuxième roman que je lis de Thomas Hardy, et je pense que ça sera le dernier. J’ai eu beaucoup de mal avec la leçon de morale qu’il tire de l’histoire de Tess. Je sais bien que sa vision des choses est représentative d’une époque éloignée, mais j’ai eu plusieurs fois envie de hurler.

Tess est une jeune femme attachante, au caractère doux. Elle tente de suivre le droit chemin tel qu’il est décrit dans la Bible et en accord avec les traditions de l’époque, lesquelles pèsent très lourd sur ses épaules.
Son histoire est terrible : elle se fait violer et tombe enceinte, puis perd son bébé quelques semaines après son accouchement. Tout est décrit de manière édulcorée, plein de non-dits, pour ne pas heurter les moeurs de cette fin du XIXe. Mais le mal est fait, à partir de ce moment là, elle devient impure aux yeux de la société et aux siens.

Ca a été difficile à lire, d’autant plus que ça résonne encore très justement aujourd’hui. Dans certains pays, une femme est considérée comme impure si elle a eu des relations sexuelles hors mariage. Ne parlons même pas du viol… Quand je lis que le violeur de Tess l’accuse de l’avoir tenté par ses formes de femmes, j’ai sérieusement grincé des dents. Si le destin s’acharne sur Tess, j’ai eu l’impression que Thomas Hardy en a fait de même.

Au delà de l’histoire de Tess, j’ai tout de même apprécié les descriptions des paysages et de la vie champêtre de l’époque. Je ne peux pas enlever à Thomas Hardy qu’il écrit très bien. J’ai été complètement transportée dans le livre.
J’ai aussi beaucoup aimé la relation qu’il développe entre Tess et sa mère. Cette dernière essaie de la protéger de la société, mais en vain. Le sens moral de Tess est plus fort que tout.

Malgré tous les points négatifs que soulève ce livre, je suis contente de l’avoir lu. C’est un classique de la littérature anglaise que j’avais envie de découvrir depuis longtemps. Mon avis est peut être un peu trop tranché, compte tenu de la date à laquelle il a été publié, mais c’est comme ça !

9 réflexions sur « Tess d’Uberville, une héroïne malmenée »

  1. J’aime beaucoup la littérature anglaise, mais féminine, si je puis dire, avec Brontë et Austen notamment.
    L’autre fois on avait un peu papoté sur « Loin de la foule déchaînée » et dans ta chronique, tu avais à peu près le même ressenti sur la manière dont l’auteur traite ses personnages féminins. Décidément, cela semble être une habitude, et c’était probablement le cas, à son époque. Tess d’Uberville est un roman que je pensais lire, car c’est un classique comme tu le dis. Mais après ta chronique, je ne suis plus très certaine, car cela va sans doute m’énerver un peu ahah. Et puis, l’histoire de la jeune Tess est une histoire vraie, en quelque sorte. Combien de femmes dans le monde ont eu à subir cela ? Et combien de victimes passent pour les tentatrices, les sorcières, les criminelles… Même à l’époque, apparemment, où les femmes s’habillaient de manière moins « libre » qu’aujourd’hui, l’argument suprême du violeur / agresseur est toujours le même, c’est dingue 😮 Sauf qu’autrefois on mettait l’accent sur les formes, alors qu’une femme ne choisit pas forcément d’avoir une poitrine opulente, des courbes etc. (mais bon étant donné qu’elles sont toutes des suppôts de Satan, n’est-ce pas… :’) ).
    Du coup le plus choquant dans toutes ces histoires, c’est qu’elles sont encore vraiment d’actualité, comme les Atwood.

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    1. Hahaha tu m’as tuée avec le fait qu’on soit des suppôts de Satan !
      Mais je te rejoins totalement, c’est pour ça que la lecture de ce roman m’a frustrée. Et encore, j’ai tempéré ma chronique. Parce que comme tu dis, l’argumentaire basique du « tu m’as tenté / tu l’as cherché / gnagnagna » y en a marre.
      C’est d’autant plus atterrant que c’est toujours d’actualité en effet…

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  2. Je n’ai pas lu Tess de Thomas Hardy mais vu l’adaptation cinématographique de Polanski….. Par contre je viens de lire le Tour d’Ecrou de cet auteur et, ma foi, j’y ai pris un certain plaisir…… Une histoire étrange, d’esprits, de présence….. Comme toi je me lance à lire des classiques (enfin quand ma PAL m’en laisse le loisir) et j’y prend beaucoup de plaisir : des écritures souvent remarquables, bien sûr un peu datées, des sujets qui restent parfois d’actualité etc…. et puis pour moi ce sont les fondements de la littérature :-)…

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