Dans mes oreilles : les femmes voyageuses avec Lucie Azema

Girls Power est une série de rencontres avec des autrices féministes, organisées par la librairie parisienne Le Comptoir des mots. Pour rendre leur contenu accessible au plus grand nombre, ces entretients sont enregistrés en live et rediffusés en podcasts. C’est toujours passionnant d’entendre les autrices parler de leur livre, de leur parcours et de leurs réflexions, dans des entretiens menés avec fluidité et pertinence.

Dans cet épisode, Lucie Azema prend la parole pour parler de son essai Les femmes aussi sont du voyage : l’émancipation par le départ et de son expérience personnelle de voyageuse.

Elle y questionne l’écriture de l’Histoire, qu’elle décrit comme « masculine » parce que seuls les hommes y contribuait. Elle ne véhicule qu’un seul point de vue : celui de l’homme blanc et occidental. Ce regard des voyageurs occidentaux sur les autres pays a d’ailleurs transmis une fétichisation tenace. L’autrice prend l’exemple des harems dans les pays orientaux, perçus par ces hommes comme des paradis répondant à leurs fantasmes, alors qu’il s’agissait d’esclavage des femmes, mais aussi des eunuques qui les gardaient, souvent des hommes Noirs enlevés et mutilés pour remplir cette fonction.

Je trouve la réflexion de Lucie Azema encore plus intéressante quand elle dit que les grands noms qu’on connaît, comme Marco Polo, Magellan, Christophe Colomb et cie, ne sont en réalités pas les premiers à avoir posé leur pied dans tel ou tel pays. Ce sont leurs domestiques ou esclaves, qu’ils envoyaient en éclaireurs mais dont on ne connaîtra peut être jamais les noms. Symboliquement, je trouve que ça en dit beaucoup !

Dans le temps, les femmes ne pouvaient pas voyager librement parce qu’elles étaient cantonnées à leur rôle : épouse de, mère de, fille de… Impossible donc pour elles de partir à l’aventure tant elles étaient prises dans les carcans de la société. Les seules qui le pouvaient ont été invisibilisées. On connaît très peu de noms de femmes voyageuses, hormis Alexandra David-Néel, Nellie Bly ou encore Mary Read.
Aujourd’hui, c’est encore difficile pour une femme de voyager seule. Lucie Azema parle de verroux mentaux qui sont encore imposés à travers la peur. Systématiquement, au moment de partir, elle a entendu les phrases « tu n’as pas peur de voyager seule ?« , « C’est dangereux de voyager pour une femme » etc. Mais pour elle il s’agit d’occuper l’espace public. Une femme n’est pas plus en danger dans les rues parisiennes que dans celles de Téhéran, simplement on nous inculque dès l’enfance qu’une femme doit avoir peur de se déplacer dans l’espace.

J’ai appris beaucoup de choses à l’écoute de cet épisode. Je n’ai qu’une envie maintenant : mettre la main sur Les femmes aussi sont du voyage : l’émancipation par le départ de Lucie Azema et le dévorer !

Pour écouter l’épisode, c’est ici :

3 réflexions sur « Dans mes oreilles : les femmes voyageuses avec Lucie Azema »

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