Lucile Peytavin n’y va pas par quatre chemins : la virilité coûte 95,2 milliards d’euros par an à la France. Elle a décidé de se lancer dans ce calcul en constatant que les hommes constituaient 96,3 % des personnes incarcérées. Pour elle, ce chiffre est révélateur : pourquoi une proportion si énorme d’hommes en prison et qu’est-ce que ça dit de la place occupée par la violence dans notre société ?
Elle précise d’ailleurs, dès le début de son essai, que la violence n’est pas l’apanage d’hommes racisés et/ou dévaforisés. La violence et la virilité sont valables pour toutes les catégories sociales et ethniques. Cette précision est très pertinente et met un stop aux biais racistes et classistes qui sont en jeu dès qu’il s’agit de parler de ces sujets là.
L’autrice a fait un travail minutieux et documenté pour parevenir au chiffre de 95,2 milliards d’euros. Elle aborde dans une première partie plutôt historique les différences entre les femmes et les hommes.
Sans surprise, elle souligne le fait que l’histoire a été écrite par des hommes qui, loin de l’objectivité dont ils se targuent, ont plutôt véhiculé des siècles d’affirmations erronées.
Ils ont, par exemple, projeté l’organisation sociale de leur époque contemporaine sur celle de la Préhistoire. Contrairement aux idées reçues, femmes ET hommes chassaient et cueillaient. Il n’y avait pas de répartition genrée des tâches.
Le basculement, comme dit Lucile Peytavin, se produit au néolithique quand les populations se sédentarisent. C’est à ce moment là qu’une hiérarchie émerge, impliquant une division genrée entre les hommes, au sommet de l’échelle sociale ; et les femmes, en bas.
Les femmes ne sont pas naturellement plus petites que les hommes. C’est le fruit d’une domination implacable de ces derniers sur les femmes, à coups de rationnement de nourriture et de privations : la structure même du corps des femmes s’en est trouvée modifée au cours des années.
C’est hallucinant, non ?
En faisant un bref rappel historique, Lucile Peytavin pose donc les bases de la domination masculine. Elle examine la virilité sous toutes les coutures (historiques et scientifiques), démontant un à un les arguments qui affirment que c’est une caractéristique naturelle de l’homme.
Non, la virilité n’était pas une composante historique de l’homme dès la Préhistoire.
Non, la virilité ne provient pas du taux de testostérone plus élevé chez l’homme.
Non, il n’y a pas de fonctionnement particulier du cerveau masculin qui justifie la virilité.
La conclusion est que la virilité est une construction sociale, qui provient d’une différenciation dans l’éducation entre les femmes et les hommes, reproduite depuis des générations et des générations.
La différenciation d’éducation s’applique dès l’enfance, parfois même avant la naissance du bébé. Elle est véhiculée par les parents, l’école, les pairs, la culture populaire, etc.
Les garçons baignent dans les notions de force, d’action, de courage, de performance, d’absence de sentiments ou d’émotions. Ils jouent à des jeux qui leur apprennent la domination et à occuper l’espace public. Cela les pousse, en grandissant, à avoir des comportements à risque, à adopter une attitude écrasante envers les minorités de genre et sexuelles…
Les chiffres avancés par Lucile Peytavin sont sans appel. Statistiquement, les hommes sont majoritaires dans les domaines impliquant de la violence.

Pour parvenir au chiffre de 95,2 milliards d’euros par an, Lucile Peytavin explique quelle méthode elle a utilisé pour calculer le coût de la virilité domaine par domaine dans les politiques publiques majeures (police, secours, justice, santé) ; mais aussi concernant le matériel et l’humain.
Ca représente quasiment un tiers du budegt national annuel et donne l’impression qu’on essaie de boucher les trous d’un bateau qui coule avec du chewing-gum.
Il serait peut-être temps d’agir en amont plutôt que de reproduire un système viriliste et destructeur ?
Je le lis bientôt. 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Hâte que tu me dises ce que tu en penses ^^
J’aimeAimé par 1 personne
Je pense qu’il est fortement intéressant, j’ai été hallucinée de lire que le corps des femmes est ce qu’il est du fruit de cette domination. Quand on s’intéresse à la chose, on en découvre de plus et on tombe de haut même si on sait que tout n’est pas tout rose… Merci de ton article, je note le titre !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, c’est assez hallucinant de comprendre quels mécanismes ont été mis en place depuis siiiiiiii longtemps !
Je ne peux que t’en conseiller vivement la lecture, il est édifiant !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est hyper intéressant ! Je note le titre, merci pour cette découverte.
J’aimeAimé par 1 personne
Avec plaisir et bonne lecture 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Il a l’air vraiment trop bien!! Je l’ajoute à ma PAL 🙂 Merci pour cette belle découverte!
J’aimeAimé par 1 personne
Il est vraiment génial. Lucile Peytavin met en lumière un aspect de la masculinité auquel je n’avais jamais encore pensé !
J’aimeAimé par 1 personne
Il a l’air passionnant !
J’aimeJ’aime