Moxie : sororité & facilités de scénario

J’avais adoré Moxie à sa sortie en livre papier, j’avais hâte de voir son adaptation sur Netflix. Je ressors mitigée de mon visionnage : j’ai trouvé le scénario facile et convenu, le traitement de certaines thématiques légères et une répétition lassante du schéma héroïne blanche et meilleures copines racisées et/ou queer qui la soutiennent et portent le projet Moxie.
Bon, je dépeins un portrait assez dur, mais en soi le film se regarde bien. Je trouve juste dommage qu’il n’y ait pas une volonté de sortir des schémas habituels.

Moxie est un mouvement qui naît d’une impulsion individuelle, de la prise de conscience puis révolte de Vivian face aux listes misogynes et abjectes des garçons de son lycée sur les filles, classées en termes de « plus baisable » ou « plus beau cul » pour ne citer que quelques charmants exemples.
C’est compréhensible qu’elle s’en cache au début, il est difficile de s’opposer seule à une machine misogyne bien huilée dans laquelle toutes les adolescentes sont engluées (et la proviseure !). Ce qui l’est moins, c’est que les personnes prenant des risques et payant le prix fort sont les copines racisées et queers. C’est vraiment ce qui m’a le plus frappée.
J’ai adoré Lucy, la plus vénère et intéressante à mes yeux, malheureusement mise au second plan ++ et réduite à jouer le soutien de Vivian, l’héroïne.

Quoiqu’il en soit, cette initiative a permis l’émergence d’un très forte sororité. Les adolescentes ont découvert qu’elles n’étaient pas seules, et que le comportement misogyne et sexiste de leur camarades masculins était loin d’être normal.
Le feu est mis au poudre, ça commence avec la dénonciation du code vestimentaire sexiste, l’objectivation du corps des femmes ; on s’attend à une riposte féministe qui remettrait les choses à plat et…. ça retombe comme un soufflé dès qu’il s’agit d’un sujet plus grave : le viol.
J’ai été mal à l’aise par la manière dont il a été abordé et « résolu », comme s’il suffisait d’une prise de parole et d’une convocation du violeur dans le bureau de la proviseure pour que ça change tout. Certes, ça commence par là, mais le film ne va pas plus loin.

Petite mention spéciale pour Seth, le mec déconstruit qui ne s’offusque pas au nom de sa virilité blessée quand on lui dit non, qui comprend et exprime ses sentiments, qui met des bagues et des colliers. Bref, un mec qui adoucie ma misandrie et me laisse espérer que dans la génération qui arrive il y en aura plus des comme lui.

Je pense que j’aurais adoré ce film, tout comme j’avais aimé le livre, si je l’avais vu étant plus jeune. Aujourd’hui, il ne résonne plus assez fortement pour moi, et le message « girl power » qu’il véhicule ne suffit pas à me faire oublier ses défauts.

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