Be natural, L’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché

Le nom d’Alice Guy-Blaché ne vous dit rien ? C’est normal, elle a été victime d’un effacement de l’Histoire par ceux qui l’ont écrite. Et pourtant, sa vie gagne a être connue : elle a été la première réalisatrice de films de fiction de l’histoire mondiale du cinéma. Oui oui, rien que ça !
Be natural est un biopic qui retrace la vie de cette femme incroyable. Il est construit comme une enquête, menée par Pamela Green, la réalisatrice. Il lui a fallut creuser et connecter les points pour arriver à relater fidèlement l’histoire d’Alice Guy-Blaché, démontrant l’effacement dont elle a été l’objet.

Son travail minutieux l’a amenée à rencontrer ses descendants, rechercher ses films dispersés aux quatre coins du monde, et creuser chaque piste qu’elle a pu trouver. Ca donne un résultat absolument passionnant !
Le documentaire est ponctué d’extraits des réalisations et productions d’Alice Guy-Blaché, d’interviews de personnalités du cinéma, d’images d’archive d’Alice Guy-Blaché elle-même dans les années 60, rendant le tout vivant et riche.

Alice Guy-Blaché est née à la fin du XIXème siècle. A cette époque, peu de place était laissée aux femmes. C’est grâce à son travail en tant que secrétaire de Léon Gaumont qu’elle a mis un premier pied dans le monde du cinéma, qui en était à ses balbutiements. Tout était à inventer, et beaucoup pensaient que le cinéma péricliterait très vite. C’est certainement pour cette raison qu’on a donné champ libre à une femme pour explorer le cinéma : ce n’était encore pas considéré comme valorisant et digne des hommes, donc la place était libre pour les femmes.
Belle mentalité, je vous l’accorde. D’autant plus que dès qu’il a été question de succès, les hommes se sont emparés du cinéma et ont progressivement exclu les femmes du milieu, les reléguant à des postes subalternes.

Alice Guy-Blaché a donc réalisé et produit des dizaines et des dizaines de films, en France et aux Etats-Unis. Elle a aussi été la première femme à monter une société de production cinématographique : Solax. Elle a été une pionnière dans le cinéma, apprenant sur le tas cette nouveauté qui émergeait au début du XXème siècle. Elle a formé les personnes avec qui elle travaillait à l’usage de la caméra, aux différents types de cadrages, aux effets spéciaux, au montage, à l’écriture des scriptes, etc.

Son travail était reconnu, elle a été relativement libre de faire ce qu’elle voulait, jusqu’à ce qu’elle se marie et que le cinéma soit investi plus pleinement par les hommes. C’est là que commence son effacement de l’histoire.
Dans les rétrospectives et les essais écrits à l’époque, on attribue les films d’Alice Guy-Blaché à des hommes (acteurs, co-réalisateurs, son mari…) et la construction de Solax à son mari (qui, soit dit en passant, a contribué à la ruine de la société de production plus qu’autre chose).
C’est tout simplement hallucinant et absurde de voir tout le travail de cette femme extraordinaire lui être arraché, de son vivant en plus ! Elle n’a pas eu voix au chapitre, ça a du être d’une violence ! Son histoire illustre les mécanismes du sexisme et du fonctionnement patriarcal de la société.

En bref, Be natural (titre qui reprend a devise d’Alice Guy-Blaché) redonne sa place à une pionnière du cinéma mondial. L’analyse de Pamela B. Green est fine et riche. C’est un des meilleurs biopic que j’ai pu regarder !

5 réflexions sur « Be natural, L’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché »

    1. Il est disponible sur mycanal, et je ne peux que te dire de foncer ! Parmi les docus/biopics que j’ai pu voir, celui là fait partie des meilleurs !

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