Le Mal-Epris est le premier roman de Bénédicte Soymier. Ce livre a une place toute particulière pour moi, puisque Bénédicte Soymier est ma maman. Elle tient le blog Aufildeslivres.
J’ai pu lire son texte depuis les toutes premières lignes. C’était très chouette de partager ça avec elle, de voir l’évolution de sa réflexion autour du personnage principal, Paul ; mais aussi de l’assurance qu’a pris son écriture, de la définition de son style littéraire que je trouve incroyable.
Bref, vous l’aurez compris, je suis extrêmement fière de ma maman !
Pour autant, je garde mon esprit critique féministe concernant son livre. Et même si c’est dur d’écrire la chronique du roman d’une personne si proche de moi, la voici !
Le Mal-Epris, c’est l’histoire de Paul, mais c’est aussi l’histoire des mécanismes de la société patriarcale qui éduque les hommes par et dans la violence, qu’ils reproduisent ensuite plus tard, dans leur propre vie intime et familial.
Cela ne les excuse en rien, les actions violentes sont de leur fait. Mais on peut discerner les origines de ces comportements, et prendre conscience qu’il s’agit d’un problème systémique et non individuel.
On n’aime pas Paul. On ne peut pas l’aimer. Mais pourtant, l’écriture rythmée et implacable rend le personnage humain.
Pour reprendre les mots de ma maman : on peut comprendre ce qu’il est, ce qu’il a traversé, mais ça ne veut pas dire qu’on cautionne ou qu’on pardonne.
Au contraire : il a eu le choix de ne pas reproduire ce modèle violent qui lui a été inculqué, mais il n’en a rien fait. Il a choisi d’utiliser ses poings et ses mots pour frapper, blesser.
Cela me suffit pour le condamner.
Mylène et Angélique sont elles aussi prises dans les rouages de la société. On éduque les femmes pour qu’elles soient discrètes, soumises ; pour que leurs corps et leurs comportement correspondent au désir masculin ; à dire oui quand elles ne sont pas sûres, à dire oui même quand elles pensent non.
Mon coeur s’est serré pour ces deux personnages. Surtout pour Angélique, dont on partage les pensées. C’est effrayants de voir tout ce qu’elle a internalisé, de l’estime qu’elle se porte à elle-même.
Le Mal-Epris est une lecture qui prend aux tripes. Les mots nous tiennent, nous entraînent jusqu’à nous couper la respiration, dans l’attente de la rupture, du premier coup.
Ce n’est pas un roman facile, mais il ouvre les yeux sur les mécanismes insidieux qui se mettent en place dans nos têtes et dans nos coeurs.