Considérée à tort comme de la sous-littérature, la littérature d’horreur et d’anticipation est composée de différents courants : on y trouve des contes, des nouvelles, de la science fiction, de la romance ; on y trouve des histoires de fantômes, de maison hantée et de vampires, du gore, du suspens, de l’angoisse, de la manipulation psychologique ; on y trouve des explications surnaturelles ou terre-à-terre… Bref, c’est un genre aux possibilités multiples dont le but est de susciter de la peur ou du malaise chez le/la lecteur·rice.
Je dis « sous-littérature » parce que malheureusement c’est le cas de tout genre littéraire qui devient populaire : si ça peut être lu par tout le monde, ce n’est pas de la « vraie » littérature. On est d’accord que c’est un raisonnement tout pourri qui gangrène le monde littéraire (le même débat inutile existe concernant le young adult ou la littérature dite « féminine »).
Dans Monster, she wrote, Lisa Kröger et Melanie R. Anderson expliquent que la littérature d’horreur et d’anticipation a gagné en popularité grâce aux autrices qui y ont contribué massivement, mais qu’on a ensuite voulu évincer du paysage.
La littérature d’horreur connaît un essor à la fin du XVIIème siècle, époque à laquelle les femmes ont peu de liberté. Pour elles, écrire était déjà un acte de rébellion en soit, auquel on ajoute le côté transgressif du genre. La littérature d’horreur et d’anticipation est là pour explorer les recoins sombres du cerveau, pour créer du malaise. A une époque où tout est policé, où on maintient les femmes dans un carcan rigide, pas étonnant qu’elles s’en soit échappées en écrivant !
D’ailleurs, le mythe de la maison hantée n’est pas anodin : les femmes étaient coincées dans la sphère privée, il y a de quoi donner des cauchemars.
Monster, she wrote se présente donc comme une anthologie des autrices oubliées de la littérature d’horreur et d’anticipation. Le livre-objet est très beau, parsemé d’illustrations et de citations.
Il est organisé chronologiquement, en plusieurs parties thématiques. On trouve donc les founding mothers, celles qui sont à la genèse du genre ; haunting tales avec les histoires de fantômes ; cult of the occult pour parler du spiritisme, etc.
Dans chaque partie, différentes autrices nous sont présentées, avec une courte biographie et une reading list suggérée de leurs livres. Parfois, des films, séries ou autres livres sont proposés, en lien avec leurs oeuvres.
J’ai été surprise de trouver certains noms, comme celui d’Elizabeth Gaskell (connue pour ses romans critiques de la société anglaise, Nord et Sud notamment) ou encore Edith Wharton (idem, avec Le temps de l’innocence). Il s’avère qu’elles ont aussi écrit des nouvelles d’horreur, qu’on peut retrouver en anthologies !
D’autres autrices sont familières, comme Daphné du Maurier (dont je ne peux que vous recommander la lecture de Rebecca) ; Marie Shelley (Frankenstein) ; Shirley Jackson (The Hauting of Hill House) ; Susan Hill (The woman in black) ; etc.
Globalement, j’ai découvert beaucoup d’autrices que je ne connaissais pas, et dont j’ai pu noter les oeuvres à découvrir. Je pense notamment à Violet Paget, qui écrivait sous le pseudonyme Vernon Lee et était ouvertement lesbienne au XIXème !
Je ne suis clairement pas une experte en littérature d’horreur et d’anticipation, au contraire. C’est un genre que j’ai soigneusement choisi d’éviter pendant des années par peur de ne plus jamais arriver à dormir. Monster, she wrote m’a permis de m’initier en douceur et de découvrir de nouvelles autrices par la même occasion.
Oh jolie découverte! J’ai toujours été fan de la littérature d’horreur, en effet les gens pensent que ce n’est pas de la littérature mais sous couvert de frissons, il y a souvent une pensée intéressante sur le monde autour! (Et ce n’est pas si facile qu’on pourrait croire, d’écrire de la bonne horreur)
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