Asking For It fait partie des livres références dans la littérature féministe young adult. Ca faisait donc longtemps que j’avais envie de le lire, mais la peur de la difficulté de cette lecture m’a retardée. Finalement, j’attendais peut être beaucoup trop de ce roman, je suis très déçue.
Asking for it
Louise O’Neill
Quercus Books
2016
13.50 euros / 336 pages
Note : 4/5
Sorti en français sous le titre : Une fille facile
Emma a dix-huit ans, c’est la plus jolie fille du lycée. En plus d’être belle, elle est pleine d’espoir en l’avenir. Cette nuit-là, il y a une fête, et tous les regards sont braqués sur elle.
Le lendemain matin, ses parents la retrouvent inanimée devant la maison. Elle ne se souvient de rien. Tous les autres sont au courant. Les photographies prises au cours de la soirée circulent sur les réseaux sociaux, dévoilant en détail ce qu’Emma a subi. Les réactions haineuses ne se font pas attendre ; les gens refusent parfois de voir ce qu’ils ont sous les yeux. La vie d’Emma est brisée ? Certains diront qu’elle l’a bien cherché.
J’ai énormément entendu parler d’Asking For It sur la blogosphère. C’est un roman qui passe pour une référence dans la littérature young adult féministe. Il était donc parfait que je le lise pour le #feministlitfeb et plus que temps que je me fasse ma propre opinion sur ce livre…
Dans sa construction, le roman est écrit à la première personne du singulier, du point de vue d’Emma, l’héroïne. Il est divisé en deux parties : l’année dernière et le présent.
Dans la première partie, on découvre donc Emma avant les événements, avant son viol. Je l’ai trouvée insupportable. Louise O’Neill verse dans le cliché de la peste du lycée. Emma est hautaine, imbue de sa personne et ne supporte pas que les autres soient meilleures ou plus jolies qu’elle.
Si, au début, je n’ai pas compris le choix de l’autrice de nous rendre Emma si antipathique, je soupçonne que ce soit pour biaiser notre raisonnement. Je pense que l’autrice voulait nous influencer pour nous placer de côté de ceux qui blâment la victime, pour pouvoir ensuite mieux nous démontrer la bêtise de ce raisonnement.
J’ai trouvé la première partie du roman très brouillon. Trop de personnages secondaires, de conversations décousues, de mini flashbacks… A cela s’ajoute une style d’écriture auquel je n’ai pas du tout adhéré… Dur dur de garder le cap ! J’ai failli arrêter ma lecture au bout d’une centaine de pages, je n’en pouvais plus.
Mais heureusement, la seconde partie rattrape un peu le niveau : elle est beaucoup plus fluide. On suit uniquement les pensées d’Emma et son ressenti après ce qu’il s’est passé. Mais encore une fois, la temporalité n’est pas maîtrisée. Emma saute du passé au présent, il faut continuer à suivre attentivement pour ne pas louper d’éléments importants.
Tous les effets de style de Louise O’Neill nuisent à son histoire. J‘ai vraiment eu du mal avec son écriture.
La culture du viol est tellement imprégnée dans les mentalités que même Emma, pourtant victime, ne réalise pas qu’elle a été violée. L’autrice montre bien les difficultés de la « zone grise » du consentement. Le backlash pour Emma est assez violent, mais Louise O’Neill n’insiste pas trop dessus. Cependant, elle use de répétitions qui finissent par lasser.
C’est très frustrant de voir Emma tourner en rond, d’autant plus que la fin n’est pas du tout explicite. L’autrice nous laisse en suspend, soit-disant pour nous laisser imaginer le choix d’Emma. Sauf que ça m’a donné un sentiment d’inachevé et de brouillon…
Asking For It représente une grande avancée dans la littérature YA pour le sujet qu’il aborde, mais il est tellement mal traité que finalement ça nuit à l’objectif initial. Et c’est bien dommage.
Pour la petite anecdote, ce livre a été adapté au théâtre en 2018.
Bon, ce livre ne m’intéressait déjà pas plus que ça (peu fan de YA) mais vu ce que tu dis, il m’intéresse encore moins, féministe ou pas. Je reproche souvent au YA l’écriture que je trouve assez médiocre, ça n’a pas l’air de révolutionner le genre…
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C’est souvent ce qu’il ressort de mes lectures YA aussi… autant j’en lisais des tonnes avant, autant maintenant je suis lassée de voir une écriture basique et pas toujours de qualité… C’est le cas pour ce roman 😦
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Tiens c’est dans le thème du club de lecture des Antigones 🙂
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Je ne connais pas du tout ce club de lecture ! Quel est le principe ? ^^
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Ce sont Ophélie et Pauline des blogs Antigone XXI et Un invincible été qui le proposent, c’est un club de lecture féministe avec à chaque fois le choix entre deux livres sur un thème donné 🙂 (Lien du dernier, et explications ici : https://uninvincibleete.com/2019/02/clfantigones-7/ )
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Super, merci beaucoup 😀
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Je suis incapable de lire un livre qui traite du viol malheureusement, mais je l’avais vu passer de nombreuses fois sur la blogo ou sur Instagram et je suis contente de pouvoir lire ton avis sur celui-ci ! Je n’apprécie pas non plus les fins ouvertes dans ce genre-là, le côté « allez, à toi de finir le boulot » me laisse plutôt dubitative dans la majorité des romans (en YA encore plus)…
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J’ai eu du mal à me lancer dedans, je t’avoue. C’est toujours difficile de se confronter à ce genre de thématiques… Et même si l’intention était là, malheureusement, le reste ne suit pas dans ce roman.
Concernant la fin ouverte, c’est exactement ça ! Je te rejoins complètement.
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