Tenir jusqu’à l’aube m’a été très chaudement recommandé par Aufildeslivres. Elle a eu raison, j’ai beaucoup aimé ce court roman !
Tenir jusqu’à l’aube
Carole Fives
Gallimard
2018
17 euros / 192 pages
Note : 5/5
« Et l’enfant ? Il dort, il dort. Que peut-il faire d’autre ? » Une jeune mère célibataire s’occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l’étouffement, la mère s’autorise à fuguer certaines nuits. A quelques mètres de l’appartement d’abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d’un semblant de légèreté. Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore ?
Tenir jusqu’à l’aube est un roman très court. Une tranche de vie : celle d’une mère célibataire qui tente de joindre les deux bouts. Mais Carole Fives, de son écriture puissante, nous donne à lire bien plus que l’histoire de cette femme.
Elle aborde l’image qu’on peut avoir d’une mère. Une bonne mère, c’est une personne qui aime son enfant inconditionnellement. Qui s’oublie pour lui ou elle. Plus rien ne compte dans sa vie à part son enfant. Et si elle sort de ce chemin, de cet imaginaire, elle devient alors une mauvaise mère.
Mais Carole Fives nous interroge : est-ce vraiment si simple ? A travers son personnage, elle nous montre la pression qui repose sur les épaules d’une femme à partir du moment où elle devient mère. On la scrute, on la juge sans cesse selon ses actions.
Et le père ? Absent. Dans la société actuelle, les hommes sont complètement déresponsabilisés dès qu’il s’agit de l’éducation de leurs enfants.
Carole Fives écrit tellement bien que je me suis sentie étouffée, comme son personnage. Coincée dans les difficultés d’élever son fils seule, elle essaie de trouver des solutions pour s’en sortir financièrement, et surtout moralement. Elle s’échappe parfois la nuit, mais jamais bien longtemps.
Le réalisme de son histoire est renforcé par les extraits de forums, sur lesquels les gens se permettent de juger sans prendre en compte le vécu personnel des autres.
L’héroïne et son enfant n’ont pas de prénom, et cela rend le récit d’autant plus universel. Ça a complètement remis en perspective ma vision de la maternité. Je n’adhère pas à l’idée qu’une fois qu’une femme devient mère, elle doit s’oublier en tant que personne à part entière.
En bref, Tenir jusqu’à l’aube est une lecture puissante. A lire absolument !
Ah oui ! oui, oui ! J’ai bien fait d’insister ❤
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Ah oui ! Je devrais t’écouter plus souvent 😉 ❤
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