« Dans tous les cas, les métaphores communes dont nous usons pour représenter l’accès des femmes au pouvoir – « elles frappent à la porte », « elles se jettent à l’assaut de la citadelle », « elles brisent le plafond de verre » ou « on leur fait la courte échelle » – souligne le fait que la féminité serait par nature extérieure au pouvoir. »
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Titre : Les femmes et le pouvoir
Autrice : Mary Beard
Editeur : Perrin
Date de publication : 2018
Prix : 10 euros
(124 pages)
Note : 5/5
Si la question de la place des femmes dans les structures du pouvoir est d’une actualité brûlante, la misogynie a des racines anciennes. Dès l’Odyssée d’Homère, les femmes se sont vues interdire tout rôle de premier plan dans la vie civique, le discours public, indissociable du pouvoir politique, étant défini comme masculin. Pour mieux cerner la violence exercée sur les femmes afin de leur intimer le silence, Mary Beard puisse dans l’histoire de Méduse ou de Philomèle (dont la langue fut coupée), d’Elizabeth Ire ou d’Hillary Clinton. Elle revisite ainsi, avec humour, la question de l’égalité des sexes et explique pourquoi, depuis deux mille ans, l’on a réservé aux femmes qui s’expriment et revendiquent le pouvoir une image détestable.
Les femmes et le pouvoir est un court manifeste dans lequel sont réunies deux conférences de Mary Beard.
La première partie du livre aborde la place des femmes dans la sphère publique, et notamment la place de leur voix. Verdict : elle est quasi inexistante.
Pour expliquer ce phénomène, Mary Beard remonte jusqu’à l’Antiquité, époque à laquelle les femmes étaient systématiquement réduites au silence. Elle cite notamment une partie d’un dialogue entre Pénélope et Télémaque, lors duquel ce dernier se permet de couper la parole à sa mère et lui dit :
“retourne dans tes appartements, reprends tes travaux, ta quenouille […[ discourir est l’affaire des hommes […]”
Cette réduction des femmes au silence a donc toujours été systématique. Le ton de la voix entre lui-même en compte pour justifier un tel comportement : un timbre féminin est perçu comme négatif alors qu’au contraire, un timbre masculin est vu comme positif.
La seconde partie du livre porte sur la relation entre les femmes et le pouvoir. Mary Beard propose une analyse très intéressante : le pouvoir a été construit et pensé par et pour des hommes. Il faudrait donc cesser de dire que les femmes brisent le plafond de verre lorsqu’elles accèdent à des positions influentes, et plutôt complètement repenser le pouvoir pour qu’il soit également à leur image. Si cela peut paraître obscur, Mary Beard l’explique bien mieux que moi !
En plus des textes de Mary Beard, ce petit livre regorge d’images d’archives et de peintures servant à illustrer les propos.
En bref, j’ai dévoré Les femmes et le pouvoir ! J’ai beaucoup apprécié la richesse du contenu et les pistes de réflexions proposées par l’autrice sur la thématique des femmes et du pouvoir. Dommage qu’il ne fasse qu’une centaine de pages seulement, j’aurais aimé pouvoir en lire plus !
Merci encore aux éditions Perrin pour l’envoi de ce livre.
Je le note parce que ce livre adhère à mes principes et je trouve toujours intéressant de fouiller dans l’histoire de la Femme !
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Oui, et ce petit livre est d’autant plus intéressant qu’il apporte un éclairage nouveau sur le statut de la femme justement, et sa relation au pouvoir. En tout cas, pour moi, ça m’a permis d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion ^^
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Et hop, un livre de plus dans ma wishlist !
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Hahaha j’en suis ravie 😉
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Ohh je l’ai en VO dans ma pal (il fait d’ailleurs partie des bouquins que j’ai décidé d’apporter dans mon appart!) mais je ne savais pas du tout qu’il avait été traduit !
Une d’autant plus belle nouvelle quand on en entend parler sur ton compte ! *-*
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Oh merci pour ton commentaire *-* Il faut absolument que tu le lises, c’est vraiment un livre enrichissant ! En plus il se lit très vite ^^
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