Indiana – George Sand

« Tant de résolution l’effraya et faillit le dégoûter de Mme Delmare. Les hommes, et les amants surtout, ont la fatuité innocente de vouloir protéger la faiblesse plutôt que d’admirer le courage chez les femmes. L’avouerai-je ? Raymon se sentit épouvanté de tout ce qu’un esprit si intrépide promettait de hardiesse et de ténacité en amour.. »

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Titre : Indiana
Autrice : George Sand
Editeur : Folio
Date de publication : 1832 (pour la première édition)
Prix : 7.80 euros
(384 pages)

Note : 4/5

Indiana, premier roman d’une jeune femme vivant courageusement sa solitude après un mariage raté et quelques aventures aussi passionnées que décevantes, a fait George Sand et c’est à travers l’écriture que celle-ci a conquis sa liberté, sa dignité de femme, son identité même. « La cause que je défendais, dira-t-elle plus tard, est celle de la moitié du genre humain, celle du genre humain tout entier : car le malheur de la femme entraîne celui du maître ». Et : « J’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et dans la société ».

Indiana, c’est l’histoire d’une femme au XIXème siècle, qui résonne comme celle d’une majorité d’entre elles à l’époque.

Le quotidien d’Indiana s’axe autour de trois hommes, chacun laissant une empreinte indélébile sur la vie de la jeune femme.
Mariée au colonel Delmare, un homme qui a plus du double de son âge, cruel et colérique, Indiana se languit d’une vie plus romantique, d’un peu de passion qui lui permettra de sortir de ce quotidien si fade.
Elle trouve son échappatoire en Raymon. Je l’ai détesté dès les premières lignes. Il correspond à ce qu’on appellerait aujourd’hui un « fuck boy« . Vous savez, cet homme qui aime séduire mais qui ne s’engage pas. Celui qui fait des déclarations, des promesses sans rien donner en retour. Il séduit d’abord la bonne d’Indiana, Noun, puis Indiana elle-même, sans se soucier le moins du monde des conséquences de ses actes. Spoiler : il est quand même à l’origine du suicide de Noun !
Ralph est le dernier homme de la vie d’Indiana, mais surtout le plus fidèle. Amoureux d’elle depuis leur enfance, il veille sur elle. Il fait preuve d’une grande abnégation, attendant qu’un jour elle ouvre les yeux et le voit enfin tel qu’il est.

Je ne sais pas quoi penser d’Indiana. Elle m’a tour à tour impressionnée et agacée.
Impressionnée par sa volonté de faire autre chose de sa vie que d’être la femme du Colonel. Elle est prête à tout jeter par la fenêtre, mariage et position sociale, pour vivre avec l’homme qu’elle aime, Raymond. Sous ses airs de femme fragile, elle a tout de même un fort caractère et connaît sa valeur en tant que femme. Elle refuse de se laisser faire.
Puis elle tombe amoureuse et finit par m’agacer avec ses émois. Elle garde la tête froide au début, puis au fur et à mesure que son amour pour Raymon grandit, elle se perd. Et c’est dommage !

On qualifie ce roman de féministe parce qu’Indiana tente de s’affranchir des lois du mariage dans lequel elle a été jetée. George Sand dénonce, à travers son personnage, le caractère oppressant du mariage sur les femmes. Ces dernières sont soumises au bon vouloir de leur époux et n’ont aucun moyen de se réaliser en tant que personne à part entière. Elles sont « femme de… » et rien d’autre.
Dans la préface de l’édition de 1842, elle écrit :

Ceux qui m’ont lu sans prévention comprennent que j’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société.

J’ai bien ressenti cet aspect dans le roman. George Sand lance des piques par ci par là, avec une ironie qui fait rire jaune. Pour un premier roman, Indiana est engagé et facile à lire. En plus, c’est un classique !