« -Ma chère Marguerite, vos lèvres sont plus douces que les pétales de la fleur dont vous portez le nom.
– Parce que vous embrassez souvent les fleurs du jardin ? demanda Kamenev.«
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Titre : Brexit Romance
Autrice : Clémentine Beauvais
Editeur : Sarbacane
Date de publication : 2018
Prix : 17 euros
(449 pages)
Note : 5/5
Juillet 2017. Marguerite Fiorel, 17 ans, jeune soprano française, se rend à Londres avec son professeur Pierre Kamenev, pour chanter dans Les noces de Figaro. Ils croisent Justine Dodgson, créatrice d’une start-up secrète nommée Brexit romance dont l’objectif est d’organiser des mariages blancs entre Français et Anglais, afin que ceux-ci obtiennent le passeport européen.
Fan inconditionnelle de Clémentine Beauvais, j’attendais avec grande impatience son nouveau roman. Une fois entre mes mains, je l’ai littéralement dévoré. Une première fois. Puis une deuxième. Et j’ai adoré chacune de ces lectures.
Je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi dense et riche. Tant dans l’histoire, que dans l’écriture ou les références culturelles. Clémentine Beauvais n’a pas fait les choses à moitié.
Sous couvert d’une intrigue qui semble basique, soit l’organisation de mariages entre européens (principalement français) et anglais pour obtenir un passeport faisant fi du Brexit, l’histoire est bien plus complexe. J’ai été tellement entraînée dans ce roman que j’ai du mal à en écrire la chronique !
Commençons par l’écriture. Clémentine Beauvais a toujours eu un ton piquant, un humour légèrement caustique. Avec Brexit Romance, elle dépasse tous ses précédents romans. Elle écrit avec une plume résolument anglaise, avec cet humour so British, à la fois sarcastique et pince sans rire.
Elle mélange habilement français et anglais, dispensant ça et là quelques leçons de vocabulaire ou de faits de langue anglaise. En plus de lire une histoire captivante, on suit donc aussi quelques cours d’anglais !
Le roman est divisé en quatre actes, une ouverture et un final. Chaque partie est accompagnée d’une bande-son.
Les personnages, quant à eux, sont tous attachants. Même Kamenev, le professeur de musique de Marguerite qui, sous ses airs coincés, a réussi à me toucher. C’est d’ailleurs mon personnage préféré, il m’a fait beaucoup penser à Darcy !
Clémentine Beauvais les lie, les délie, leur fait vivre des quiproquos, des situations embarrassantes, des élans du coeur… Chaque personnage est étoffé et complexe.
J’ai parfois eu envie de secouer Marguerite devant sa naïveté et son manque de réactivité. Ou Kamenev pour son caractère étriqué. Ou Justine pour son aveuglement. Mais j’ai aussi eu envie de serrer tous ces personnages dans mes bras pour les moments de rire qu’ils m’ont fait vivre.
Au delà de l’écriture mordante et des personnages hauts en couleur, Brexit Romance est bourré de références culturelles et politiques.
Evidemment, en parlant du Brexit, on est obligé de mentionner les faits politiques, ce que cela implique pour les anglais et les français. Clémentine Beauvais le fait et nous propose même une analyse fine de la situation.
Des références littéraires sont faites, avec entre autres une partie de criquet comme dans Alice au Pays des Merveilles. Mais surtout, à mon grand plaisir est mentionnée Chimamanda Ngozi Adichie et son génialissime roman Americanah. C’est d’ailleurs à ce moment là que Clémentine Beauvais ouvre une parenthèse féministe des plus piquantes (même si elle sème des petits clins d’oeil tout au long du roman).
En bref, j’ai tout simplement ADORE Brexit Romance. Que je vais relire, je pense, une troisième fois, parce que j’ai certainement du passer à côté de plein de petits détails. Comme je l’ai dit plus haut, c’est un roman dense. D’ailleurs, je pense qu’il s’adresse à un public un peu plus jeune adulte qu’adolescent. A mon sens, un.e collégien.ne passerait à côté de beaucoup de références culturelles ou politiques.
Encore merci aux éditions Sarbacane pour l’envoi de cette pépite !
Une réflexion sur « Brexit Romance – Clémentine Beauvais »