Deux secondes en moins – Marie Colot & Nancy Guilbert

« Ma mère a toujours été incapable de répondre à mes interrogations de petite fille. Elle n’a jamais su pourquoi mon père était parti. Il lui a dit qu’il n’avait rien à lui reprocher, et il a claqué la porte.
Un, deux, trois, basta.
Moi, j’ai fait pareil du coup. J’ai claqué la porte de mon cœur.
Un, deux, trois, basta, plus de papa. « 

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Titre : Deux secondes en moins
Autrices : Marie Colot & Nancy Guilbert
Editeur : Magnard Jeunesse
Date de publication : 2018
Prix : 14.90 euros
(320 pages)

Note : 4/5

Depuis qu’un accident de voiture l’a complètement défiguré, Igor se mure dans le silence. Sa rancune envers son père, responsable de l’accident, est immense, comme sa solitude.
Rhéa sombre dans le chagrin après le suicide de son petit ami. Encore sous le choc, elle ne sait plus à qui ni à quoi se raccrocher dans la ville où elle vient d’emménager.
Pour l’un et l’autre, tout s’est joué à deux secondes.
Deux secondes qui auraient pu tout changer. …
Et pourtant, Igor et Rhéa reprennent jour après jour goût à la vie en se raccrochant à la musique.
Une fantaisie de Schubert et un professeur de piano pas comme les autres vont les réunir et les mener sur un chemin inespéré.

 

Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi touchée par un roman. Deux secondes en moins est un condensé de douleur et de douceur.

Dès les premières pages, les deux autrices donnent le ton. Leur écriture, belle et fluide, est pleine de tristesse et de souffrance. Elles expriment à merveille les sentiments des deux personnages principaux, Rhéa et Igor. Chaque chapitre alterne entre leur point de vue, à la première personne. 

Rhéa a perdu son amoureux. Il s’est suicidé. Elle est dévastée et rongée par la culpabilité parce qu’elle n’a pas su le voir venir. Elle m’a beaucoup touchée par son chagrin et sa clairvoyance sur sa situation : ses amies qui s’éloigne, sa remise en question.

Igor, quant à lui, est triste. Mais surtout, il est en colère contre son père. L’accident de voiture qui l’a défiguré est arrivé par une faute d’attention de son père. Sa souffrance est tout aussi palpable que celle de Rhéa. Il s’isole du monde en coupant les ponts avec ses amis, sa petite copine.

La première moitié du roman se penche sur la manière dont les deux ados appréhende leur deuil : le deuil de son amoureux pour Rhéa, le deuil de son ancienne vie pour Igor. Les autrices décrivent avec beaucoup de justesse et de douceur le chemin qu’ils parcourent, progressivement. Le rythme est lent, pour laisser le temps aux personnages de se reconstruire.

Rhéa est remplie d’une tristesse teintée de regret, mais fait aussi preuve d’une grande volonté. Elle parvient à se reconstruire et donner un autre ton à sa vie, tout comme Igor. C’est grâce à Fred, leur professeur de piano, qu’ils se rencontrent. Ensemble, ils travaillent leur musique et leur douleur.

Deux secondes en moins est un très beau roman sur le deuil et la reconstruction.

Je remercie encore Pauline du compte Instagram marque-pages et les éditions Magnard pour l’envoi.