J’ai avalé un arc-en-ciel – Erwan Ji

J’ai regardé Aiden, et j’ai vu une lueur dans ses yeux. Je parie que j’avais la même dans les miens. C’est parce qu’un sourire ne peut pas mourir. Quand on le retient pour ne pas froisser quelqu’un, il remonte et se transforme en lueur dans les yeux.”

***

FullSizeRender
Titre
: J’ai avalé un arc-en-ciel
Auteur: Erwan Ji
Editeur: Nathan
Date de publication : mars 2017

Note: 4/5

1

Je m’appelle Capucine, mais on m’appelle Puce. J’ai dix-sept ans, la peau mate et un accent de Montpellier. Enfin, l’accent, c’est quand je parle français. Je vis aux États-Unis depuis que j’ai trois ans. Cette année, il m’est arrivé un truc phénoménal. Retournement de vie, frisson géant, secousse cosmique, vous appelez ça comme vous voulez, mais la vérité… c’est que j’ai avalé un arc-en-ciel.

2


Ce roman est un vrai petit rayon de soleil (ou un arc-en-ciel) ! J’ai été un peu déstabilisée, au début, par la narration. L’auteur a choisi de faire s’exprimer Capucine sur un blog, induisant une narration à la première personne, un long monologue très rarement ponctué de dialogues rapportés. J’ai eu peur de me lasser de cette forme de narration, mais très vite je me suis habituée. J’en suis même venue à apprécier ce choix de l’auteur parce qu’il permet une totale immersion dans les pensées et les ressentis de Capucine. On découvre une héroïne à l’humour acéré, qu’elle s’applique parfois à elle-même avec un fort sens de l’autodérision. Elle parle beaucoup, et s’exprime avec une grande fluidité, décrivant avec force de détails ce que ne nous montrent pas les séries américaines à la TV.

J’ai beaucoup apprécié aussi les pauses que fait Capucine pour expliquer à ses lecteurs les termes utilisés par les ados américains, leurs habitudes alimentaires ou leurs coutumes (Halloween, les sleepovers, les journées à thème…). Parce qu’il ne faut pas oublier que Capucine est une ado qui vit aux Etats-Unis, mais qui est d’origine française. Son blog est donc écrit en français, adressés aux Français. Le but de l’auteur étant de nous donner un aperçu authentique de la vie des ados américains, je trouve qu’il a très bien réussi à nous le transmettre. Sans s’en rendre forcément compte, on en apprend un peu plus sur la culture américaine.

Pour ce qui est de l’histoire, c’est plutôt addictif ! Capucine raconte les relations d’amitié, les tracas du quotidien… Mais surtout, on la suit à travers l’évolution de ses sentiments pour un des personnages. Comme la couverture l’illustre si bien, avec son dégradé arc-en-ciel, ce livre développe une romance homosexuelle. Ça change des histoires d’amour vues et revues. C’est doux, c’est très bien amené, et j’ai trouvé ça vraiment beau parce que l’auteur prend le temps d’explorer les réactions de Capucine. Je l’ai trouvée très touchante dans son questionnement et dans l’évolution de ses sentiments, sa découverte d’elle-même.

Si le roman se lit très vite et est très agréable, quelques éléments m’ont quand même un peu dérangé. Capucine, malgré son caractère jovial et sympathique, a tendance à porter des jugements totalement infondés sur les gens qui l’entourent. Je pense notamment au début du roman, quand elle présente certains de ses camarades. Elle qualifie une fille de “slut” parce qu’elle couche avec beaucoup de garçons. Je n’ai pas apprécié cette forme de “slutshaming”, surtout venant d’un personnage féminin ! De même que lorsqu’elle évoque une plaisanterie sur le viol, j’ai trouvé ça déplacé. Malgré ces petits bémols, j’ai quand même passé un bon moment en lisant ce roman.

Je remercie les éditions Nathan pour l’envoi de ce livre et cette belle découverte !